mardi 8 novembre 2011

Marthe Chenal, la Diva Flamboyante







Du 11 Novembre au 4 Janvier venez découvrir au Villare une exceptionnelle exposition consacrée à la célèbre cantatrice Marthe Chenal, qui séjourna souvent dans sa maison de Villers, "le Cloitre".
De son vrai nom Louise-Anthelmine Chenal, Marthe Chenal (1881-1947) fut une des plus grandes cantatrices de la première partie du XXe siècle. Elle interprète, dès 1905, des rôles-phare à l’opéra : Don Giovanni, Le Vaisseau fantôme, Faust ou bien encore Carmen.
Pourquoi avoir choisi le 11 Novembre pour le début de cette exposition?
Marthe Chenal entra dans la légende au moment de la première guerre mondiale, avec ses interprétations de La Marseillaise, dont l’apothéose fut son chant, drapée de la bannière tricolore, le 11 novembre 1918 depuis le balcon de l’Opéra Garnier, devant une foule immense, en présence de Georges Clemenceau.
Elle fut follement acclamée.

Incarnation de l’hymne national et du patriotisme français durant la Grande Guerre, Marthe Chenal remporte un grand succès dans les années vingt. Dans sa propriété de Villers-sur-Mer, elle reçoit le Tout-Paris des arts, de la finance et de la politique. Dans les rues de la ville, on la croise à bord de son Hispano-Suiza, elle fait sensation.
Figure populaire, Marthe Chenal n’en est pas moins une égérie du Tout-Paris, et de l’avant-garde intellectuelle et artistique. Ainsi, elle défraie la chronique en entretenant de nombreuses liaisons, dont une importante avec Picabia, qui nourrit même un projet de spectacle Les Yeux chauds avec elle et Stravinsky. À ce moment, celui-ci est en train de rompre avec le mouvement Dada, rupture consacrée le 11 mai 1921 dans un article du journal Comoedia. Cette période est caractérisée par une intense activité de l’artiste qui reste le meilleur dépositaire de l’esprit Dada.
Fin 1921, Chenal charge Picabia d’organiser la soirée du réveillon dans son hôtel particulier de la rue de Courcelles. À cette occasion, Picabia fait imprimer des cartons d’invitations pour cette soirée qui rassemblera artistes et écrivains dont Picasso, Brancusi, Vollard, Cocteau, Radiguet, Auric, Morand ainsi que des figures mondaines. une centaine d’invités étaient présents ce soir-là. Les hôtes enfin installés, l’heure de passer à table ayant sonné, Marthe Chenal tint un petit discours : "Mes chers amies et amis. Je tiens d'abord à vous remercier d'avoir accepté mon invitation. Vous savez tous que le cacodylate est l'adjuvant dans lequel on puise une énergie nouvelle, nous permettant de surmonter toutes les fatigues, et vous aurez compris que ce mot de « cacodylate » n'a été employé aujourd'hui que pour symboliser la force que vous prendrez ce soir, je l'espère, au contact les uns des autres. Au fond de vous-mêmes, vous désirez un changement pour 1922 - un changement purement extérieur, naturellement, puisque le soleil est extérieur, la lune extérieure, et que les étoiles de notre cerveau ne sont visibles que pour nous seuls. Vous êtes tous ici des étoiles de première grandeur, bien que de paradis différents : paradis du hasard, paradis de l'art nouveau, paradis parisien ou paradis conservateur. A ma droite, j'ai Francis Picabia qui représente l'extrême gauche. Comme on lui demande l'extrême gauche de quoi ? il répond qu'il n'en sait rien ! A ma gauche, voici Jean Cocteau, extrême droite de la gauche - et moi-même, entre les deux, je ne suis ni de droite ni de gauche, mais je suis heureuse si j'ai pu réunir dans ce petit hôtel un groupe d’individualités militantes qui donnera au monde et à la France de 1922 la vitalité et la jeunesse que nous leur désirons ! Je bois à votre santé et je vous embrasse tous ! "
Ce Réveillon Cacodylate, comme l’indique le carton d’invitation composé par Picabia, est l’occasion d’enrichir de signatures nouvelles L’Œil Cacodylate, œuvre qui fit scandale au Salon d’Automne car composée uniquement de signatures. Pied-de-nez de Picabia à tous ceux qui considèrent que la signature fait la valeur d’une toile.


Nicolas de la Bretèche, membre du Conseil de l'APV, a édité chez E.f.e. en 2004 une remarquable biographie de Marthe Chenal "la diva flamboyante".
De Paris à la Côte normande et des coulisses du palais Garnier aux grands événements de la Belle Époque, Nicolas de La Bretèche nous fait pénétrer dans l’univers de Marthe Chenal, qui fut l’une des plus belles femmes de son temps.
De Paris à Villers-sur-Mer, nous découvrons les prestigieux acteurs des Arts, de la Littérature, de la Finance, le monde de la mode et de la publicité naissante … et une femme libre et passionnée qui, sa vie durant, eut une merveilleuse propension au bonheur.

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