jeudi 18 août 2011

Les Vikings sont encore parmi nous - 2 -


Nous parlons encore viking…la mer, les bateaux, les noms de lieux!

la mer et le rivage:

Le “flot”: la marée montante est issue de “Flod” en norrois: marée montante.
La “houle” vient du norrois “Hola”: creux.
La “flotte” vient de “Floti”: flottant en norrois.
Une “vague”, le mot est issu de “Vagr”: vague.
L’“estran”: partie de la plage située entre marée haute et marée basse vient de “Ströndr” en norrois: côte, grève.
La “tangue”, ce qu’on pourrait appeler les sables mouvants est issu du norrois “Tangui”: langue de sable.
Les “houlles”: creux dans les rochers où nous avons tous péché étant petits est également issu de “Hola”: creux. (Hole en angalis)
Le “varech” ou “vrek” vient de “Vagrek”: ce qui est rejeté par la mer.
Le “tangon”: les algues brunes vient de “Thang”: algue.
La “valingue” est une autre sorte d’algue, son nom est issu de “Vringla”: enrouler en norrois.

Le “marsouin” a pour origine “Marr Swin” littéralement le cochon de mer en norrois. La présence de morses ou de marsouins sur nos côtes au Moyen Âge est le signe de la grande diversité de poissons et de mammifères marins vivants à cette époque sur nos côtes.
“Koli” en norrois va donner “colin” en normand.
La “flie” (la patelle) le mot vient de “Flida”: même sens.
Le “Célin” (le pilchard) vient du norrois “Sild”: hareng.
La “flondre” vient de “Flundra”: même poisson.
L’“orfi” (l’aiguille de mer) vient de “Hornfiskr”: même sens.
le “lieu” vient de “Lyr” en norrois.
La “lingue” (encore un poisson) de “Lyngfiskr”.
Le “crabe” vient de “Krabi”.
Le “homard” est issu de “Hummar”.
Le “ran”, le “bulot” a pour origine “Ran”: bélier en norrois.
Le “vras” (la vieille) vient de “Vraicfiskr”.
La “rogue” (les oeufs de morue) vient de “Hrogn”: même sens.
Ajoutons la “maove”, la mouette qui vient de “Mavar” en VIking.


La pêche:

“Beiter”, “beite”: appâter, appât vient de “Beita”: appât.
Le “lanet”: petit filet de pêche, vient de “Leggia”: poser et “Net”: filet.
Le “havenet” (Havenau): le filet à crevette de notre enfance vient de “Hafr”: poche et “Net”: filet.
Le “saunet”, grand filet de pêche en haute mer est issu de “Sjardr”, la mer et “Net”: filet.
“Fisigard” en vieux normand c’est une pêcherie, il a pour origine “Fiski”: poisson et “Gardr”: enclos, jardin, clôture.
“walmanni” a donné le nom de famille “Vaumant” ou “Levaumant”.

Au Moyen Âge, les côtes normandes étaient riches en marais salants, en particulier l’estuaire de la Seine et l’embouchure de la Dives.
Les “dams”: ce sont les aires d’évaporation de l’eau de mer. Le terme vient de “Dammr” en norrois qui signifie retenue d’eau.
Les “dicks” (digues) qui bordaient les dams. Le mot vient de “Diki” levée de terre. Se rappeler aussi le Haguedic k dans le Cotentin.
Les “fliets”: les ruisseaux de drainage (ou d’écoulement) des dams, mot issu de “Fljot”: ruisseau.
Enfin les tas de sel étaient rassemblés sur les “hogues”, les buttes, les hauteurs. De “Haugr” en norrois qui a le même sens.

“Écaler” un oeuf ou un poisson: enlever la coquille ou les écailles vient de “Skalja”: tuile, écaille.
“Draguer” avec ses dérivés “drague”, “dragage”, “dragueur” vient de “Draga” qui a le même sens.
“Sombrer” de “Sumba”: même sens. “Cingler”: faire voile, “sigler” en vieux normand, vient de “Sigle”: voile.
“Arrimer” vient de “Ryma”: même sens. “Hâler” de “Hala”: même sens.

Il est facile de constater que le vocabulaire de nos Vikings a fortement imprégné le vocabulaire normand, ce qui n’est pas pour nous surprendre, les Vikings ayant été les plus grands navigateurs de leur temps. Ce qui est plus surprenant, c’est que la quasi totalité de ce vocabulaire est passé en Français: “vague”, “houle”, “flotte”, “crabe”, “homard”, etc... Cela serait-il la preuve de la grande supériorité des Normands en matière maritime dans le royaume de France que cela soit au Moyen Âge, à la Renaissance jusqu’à l’âge moderne ?
Les bateaux….

La “quille” vient de “Kjöll” même sens.
L’“étrave” dérive de “Stafn”, étrave.
La “bordaille”, le “bordé”, le “bordage”, “border” viennent de “Bord” qui veut dire planche en norrois.
Le “galbord”, première planche ajustée contre la quille et le “vibord”, la dernière planche du bordage viennent de “Galbord” et de “Vigibord”.
“Babord” (gauche) et “tribord” (droite) ont pour origine “Babordi” et “Tribordi”.
Les “tolets”, dérivent de “Thollr”.
“Hel”, la barre du gouvernail vient de “Helm”, même sens.
Les “dalots” ou “dales”, trous pour évacuer l’eau viennent de “Doela”, même sens.
Le “mât” vient de “Mast”.
La “carlingue” dérive de “Kerling”, même sens.
Le “tillac, en norrois “Tilja”.
Les “varangues” viennent de “Vrang”.
Les “hublots” de “Hufa”.
”Brant”, une proue effilée, vient de “Brant”, éperon.
L’“étambrai” de “Timbr”.
“Bétas” en vieux normand désigne une vergue. Il a pour origine “Bétas” en norrois qui a aussi le sens de vergue.
L’“estière” en vieux normand, c’est le gouvernail. Le mot vient de “Styri”, gouvernail en norrois. Le “Styrman” en Viking, celui qui gouverne le navire donne “esturman” en normand. Mot attesté dans les lais de Marie de France (par exemple).
“Run” en vieux normand c’est la cale du bateau. Le mot a pour origine “Runn”. Même sens.
La “hune”, le “hunier” dérivent de “Hunn”, même sens.
Le “beaupré” (mât de beaupré) vient de “Bogsproti”.

Le gréement.

Le “gréement”, “gréer”, “dégréer”, les “agrès”, ont pour origine “Greidi” (“Greida” pour le verbe).
La “sigle”, la voile en vieux normand, vient de “Sigla”, voile et va donner le verbe “cingler”, faire voile.

L’“écoute”, la “bouline”, les “haubans”, “haubanner”, les “élingues”, “élinguer”, la “drisse”, l’“étai”, la “fest”, l’“estrenc”, l’“étalingue”, “étalinguer”. Tous ces cordages et les verbes correspondants, sont d’origine scandinave.
Les navires vikings, ainsi que les bataux normands construits jusqu’à nos jours, sont “bordés à clin”. C’est-à-dire que les planches du bordage (de la coque) se recouvrent l’une, l’autre. L’autre type de bordage étant le bordage à “franc bord”. Par exemple les navires bretons sont bordés à franc bord. La filiation entre le type de construction normande et viking devient évidente.
Et donc, “clin”, “clinquer”, ou “cliquer” (border à clin un navire) viennent de “Klink” en norrois.
L’ “équipage”, “équiper”, l’“équipement”, l’“équipe” dérivent tous du même mot norrois “Skipa”, qui veut dire équipage. “Skipari”, l’homme d’équipage va donner l’“esquipre” en vieux normand. C’est aussi l’origine du mot “skipper” en Anglais, mot qui est récemment passé en Français Le “guindeau” ou “guindas” et le verbe “guinder” proviennent du mot “Vindas”, même sens.
La “flotte” vient de “Floti”. “Flotman” (l’homme de la flotte) va donner le nom de famille normand “Flamant” ou “Leflamant” (“Flament” ou “Leflament”).
La “bitte” d’amarage vient de “Biti”, même sens.
Un “ris”, “ariser”, “prendre un ris” proviennent du norrois “Rif”, même sens.
Une “raque”, une bouée en normand vient de “Raki”.

Encore d’autres mots :
“Raquer”, “touer”, “guinder”, “brayer”, “écarver”, “hanequer”, “déhanequer”, “ferler”, “déferler”, “hammer” (ramer à l’envers) viennent tous du Scandinave.
Pour compléter la centaine de mots français directement issus de l’ancien scandinave, on a un inventaire à la Prévert : rune, bien sûr et runique (rune signifiant « sagesse secrète »). Il y a aussi agrès, bagage et bagagiste, ballast, baratte (cf. le beurre de Normandie !), blême et blêmir, carlingue (terme maritime à l’origine), dalle et dallage, débiter, drague et draguer, flâner et flâneur, gabegie, guichet et guichetier, hanter, marquer (d’où marque, marquage, marqueur, démarque, contremarque). J’ajoute : égrillard, mièvre et mièvrerie, nantir et nantissement, regret et regretter, rogue. Quelques indications sur navrer : ce terme vient probablement d’un vocable norois signifiant « percer », devenu en ancien français nafrer synonyme de blesser. Enfin, remugle, scalp et scalper mais pas scalpel.
XXX
De même, tag (d’où taguer et tagueur) ou trash nous viennent – via l’anglais – de l’ancien scandinave, tout comme clown et clownerie, cosy, gang, gangster et antigang, happening, hit (d’où hit-parade), kidnapper, loft, scraper, skipper et stock. C’est également le cas de nord, nordique, nordiste.
Pour les sports, le rugby, d’où rugbyman. Il y a aussi club (pour le golf, klubba signifiant « bâton » en ancien scandinave), crawl, rafting et score.
Rayon alimentation, c’est le steak, dont dérivent rumsteak et bifteck, les oeufs de lump, les corn-flakes (du moins flakes) et le cake.

Ce sont plusieurs centaines de mots anglais qui se trouvent proches du norois et par conséquent des langues scandinaves modernes, du fait de racines germaniques communes. Ainsi de book (bouquin en français), day, farewell, forbidden, honey, house, ice, morning, rope, sell, steer, time, tongue, tree, white, wing, and so on.
Pour les vocables anglais issus, très directement, de l’ancien scandinave :
bag et baggage, bat (d’où Batman) , to bang (verbe issu du norois banga qui signifiait « marteau »), big (ce qui a par conséquent donné big-bang), crazy, dawn, dirty, fast (au sens d’abstinence) dont dérive logiquement breakfast.
Quelques phrases dont les noms et les adjectifs sont exclusivement d’origine viking :
Ce club de rugby n’est ni guindé ni mièvre, mais il n’a pas de score. Ses clowneries sont navrantes. Quelle regrettable gabegie !
Une vague de sondages a harponné ce club bidon. Qu’il quitte le loft !
Il faut l’ombudsman Eric. Où est-il ? Il fait ses bagages pour un slalom avec les rennes.

Le grog : l'invention d'un descendant de normand !
Lorsque le duc Guillaume de Normandie récompensa un de ses plus fidèles serviteurs, Richard de Reviers, décédé en 1107, en lui donnant la ville de Vernon, le nouveau maître des lieux prit le nom de Richard Vernon. Il faut préciser qu’il était de la parentèle du duc puisqu’il était le fils de la nièce de Guillaume.

Guillaume le Conquérant
Et lorsque Guillaume débarqua en Angleterre en 1066 pour conquérir la couronne promise, Vernon était bien entendu à ses côtés. La victoire acquise, l’Angleterre conquise, Vernon fut lui aussi conquis par le pays. Il décida de s’y établir, d’autant plus que son oncle et roi Guillaume lui octroya généreusement de belles et vastes terres. C’est ainsi que Richard Vernon fut à l’origine de la branche anglaise des Vernon alors que la branche française s’éteignit, sans doute parce que le meilleur était parti !

Edward Vernon "Old Grog" (1684-1757)
L’un de ses descendants, Edward Vernon, né le 12 novembre 1684 à Westminster et mort le 30 octobre 1757 à Nacton (Suffolk) était Officier de la Royal Navy. Ses hommes l’avaient surnommé « Old Grog », « Le Vieux Grog », du fait du manteau qu’il portait en permanence, fait « en gros de Naples », en anglais « grogram », tissu grossier « à gros grain », mélange de laine et de soie.
Les marins ont la réputation de boire sec ! Et ceux de l’Amiral Vernon réservaient leurs faveurs au rhum, celui de la Jamaïque bien sûr ! Mais voilà, après avoir ingurgité ce breuvage de feu, leurs gestes étaient moins précis et le travail s’en ressentait. Afin de réduire la consommation de rhum de ses marins, « Old Grog » eut un beau jour de 1740 l’idée géniale d’ajouter un litre d’eau chaude à chaque quart de litre de rhum distribué. La chaleur de l’eau ajoutée à l’alcool donnait aux hommes l’excitation au travail sans l’ivresse…
L’ensemble de la Royal Navy suivit cet exemple et la nouvelle boisson fut appelée tout naturellement « grog ».
Par la suite, du jus de citron y fut rajouté une fois ses propriétés antiscorbutiques connues.

La toponymie en Normandie
Dans les différents pays normands, on retrouve d'innombrables noms de communes ou de lieux-dits composés avec des appellatifs norrois ou vieil anglais caractéristiques.
Formes romanes d'appellatifs issus du norrois
• bec, de bekkr (ruisseau), (Cf. norvégien bekk, allemand Bach) : 2 Caudebec (Caldebec[-les-Elbeuf] Xe siècle, cf. Caldbeck GB), Bolbec, Bricquebec, Clarbec, Foulbec, Filbec, Beaubec-la-Rosière, etc.
• -beuf ou -but ou -bot , de both / buth (cabane, barraque, village) (cf. anglais booth d'origine norroise et danois bod ) : 3 Elbeuf (Wellebuoth-[sur-Seine] 1070-1081, cf. Welby GB), Quillebeuf, Cricquebœuf, plusieurs Criquebeuf (cf. Kirkby GB) , Quittebeuf, plusieurs Daubeuf (Dalbuoth 1011, Dalbuth-[la-Campagne] v.1025 cf. Dalby, GB), Carquebut (Querquebu 1165-72) , Coimbot, Butot (Buthetot XIe siècle), etc. N.B. -by est parfois issu de both / buth, Cf. Haddeby, Schleswig-Holstein, D, Hadæboth 1285)
• bri(c)que, de brekka (déclivité, pente) : Bricquebec, Bricqueboscq (Brichebot v.1100, Brikebo 1224, cf. ci-dessus), Bricqueville, Briquedalle, Briquemare et peut-être la rue Briquetonne[5]( à Saint-Aubin-sur-Risle), Bré(c)quecal.
• cher ou quier de kjarr (marais) : Gonfreville-l'Orcher (jadis Aurichier Cf. Ellerker GB, Elkier D) ; Villequier, Cherbourg (Carisburg XIe s., Chierebourc, XIVe s. chez Froissart) de Kjarr, suivi du germ. burg ou norrois borg, le château des marais) [6].
• clif, de klif (rocher, Cf. anglais cliff) : Escalleclif (ancien nom de Doville), Mesnil-Verclives (Warcliva v. 1025), Cléville (Seine-Maritime; Calvados Cliville 1066-77) , Clitourps, etc.
• crique ou carque de kirkja (église) : plusieurs Criquetot, Yvecrique, Carquebut, Querqueville, etc.
• dalle ou dal de dalr (vallée, vieil anglais dale) : Saint-Vaast-Dieppedalle, Dalbec, Dieppedalle (Cf. Deepdale GB), Oudalle, Eudal, Biédal, Becdal, plusieurs Daubeuf, Les Petites-Dalles, Les Grandes-Dalles, le Dallet, etc.
• écal, écalle de skali (chalet, habitation temporaire) dans Écalgrain, Bré(c)quecal, Escalleclif[7], etc.
• -fleur, de floth ou du vieil anglais flēot (fleuve côtier, rivière se jetant dans la mer) ou vieil anglais flod : Harfleur (Herolfluot 1035), Honfleur (Honnefleu XVIe siècle), Barfleur (Barbefloth, Barbeflueth 1066-77), Vittefleur (Witeflue 1130-64), Fiquefleur, la Gerfleur (à Carteret).
• hague, de hagi (enclos): la Hague, les Tohagues (à Beaumont-Hague, jadis l'Etohague) et Etauhague (à Imbleville) « enclos pour les chevaux » de stod, anglais mod. stud, (cf. Stodday GB), etc.
• -hou, de holmr (îlot), plus souvent vieil anglais hoh (terrain en pente, cf. Hotot, Hautot, le Hou) : Tatihou, Quettehou (Chetehulmum 1066-83), Jéthou, Brecqhou, Écréhou…
• houlme / hom(me) (îlot, prairie au bord de l'eau) également : Le Houlme, le Homme (de Hulmo v. 1160), Robehomme (Raimberti Hulmus 1083), nombreux le Hom.
• hougue ou hogue, de haugr (colline, hauteur) : Saint-Vaast-la-Hougue, nombreux les Hogues, la Hoguette, le Houguet.
• londe, -lon, -ron, de lundr (bois, forêt) : Faguillonde, Bouquelon (Cf. Boklund, Böklund . Schleswig-Holstein D), Écaquelon (Esquaquelont 1236 - 1234), Catelon (Catelunti 1096 - 1101), Yquelon, Iclon (Ichelunt 1088), Étoublon, Yébleron (Eblelont v. 1210), nombreux La Londe, etc. Le terme londe faisait encore sens en dialecte normand au XVe siècle.
• -mare, de marr (genre masculin = mer) croisé avec le vieil anglais mere (genre féminin pfs = eau stagnante, lac, ev. mer) : Roumare, Bimare, plusieurs Inglemare, Flamare, Prétot-Vicquemare, Alvimare, Commare, Sausseuzemare, Mélamare, Gattemare, plusieurs Etennemare, etc. cf. GB : Buttermere « le lac de Buthar » nom de pers. norrois ou Windermere « le lac de Vinandr », nom de pers. norrois également. Le terme mare est passé en français vers le XVIe siècle.
• nez, de ness (cap) : Nez de Jobourg, Nez de Voidries, etc.
• thuit ou tuit (essart) de thveit Cf. danois tvæd, noms de lieux anglais en thwaite : Bracquetuit ( avec brakni, buisson Cf. Brackenthwaite GB, Bregentved DK), Vautuit, Le Thuit-Simer, etc.
• tot, de topt Cf. scand. mod. toft (maison, emplacement) : Yvetot, Routot, Colletot, Fourmetot, Valletot, Criquetot, Bouquetot, les nombreux Hautot (jadis Hotot, Cf. Huttoft GB.) et Hotot, Vergetot, Martot, Anxtot, etc. L'appellatif tot est l'élément d'origine norroise le plus répandu, en effet, on en recense plus de 300.
• tourp(s) ou torp(s), de torp : Clitourps (pron. /klitur/), Saussetour à Fréville, Sauxtour (se prononce Saussetour) à Théville, Guénétours, Le Torp-Mesnil, le Torp, le Torpt, Torps.
• vic ou -vy (anse, crique) de vik : Sanvic (Sanwic 1035), Vasouy (Wasvic 1035), Plainvic, Cap Lévi (pour « Capelvy », jadis Kapelwic XIIe siècle), Le Vicq, Houlvi, Brévy, etc.
NB : Sans rapport direct avec le latin vicus qui a donné les finales -vy ou -vic également, et dont il n'existe qu'une seule occurrence assurée en Normandie : Neuvy-au-Houlme. Ainsi, Vicques peut être expliqué par le vieil anglais wic, anglais dialectal wick (village, hameau, ferme ) lui-même d'origine latine, et qui explique le maintien de l'occlusive [k] dans Vicques.
Noms d'arbres vieil-anglais et norrois en composition dans les toponymes
• aeppel (vieil anglais), « pomme ». Il s'agit probablement d'un collectif pour "pommiers" dans Auppegard (Appelgart v. 1160 ) et Épégard (jadis Alpegard), composé avec l'appellatif norrois gard (cf. Applegarth Town, Appelgard v. 1160, GB, Yorkshire)
• epli en norrois, danois moderne æble, dans Yébleron (jadis Eblelont)
• boki (norrois) « hêtres » dans Bouquelon (nombreux toponymes) et plusieurs Bouquetot, très nombreux au nord-est de la Normandie ou cet arbre est plus commun qu'à l'ouest. En concurrence avec les types romans : Fy ; Fay ; Foutelaye de foutel « hêtre » en dialecte. Le nom de lieu « Hêtraie » est rare car « hêtre » est d'origine flamande et moderne.
• eiki (norrois) « chênes » dans Yquelon ; Iclon et Yquebeuf. Dans la zone de diffusion des toponymes scandinaves, on trouve aussi la forme romane du normand septentrional Quesney ou Quesnay, dont Eiki-lundr constitue l'équivalent norrois.
• eski (norrois) « frênes » très fréquent, peut-être à cause de son importance dans la mythologie scandinave dans tous les Ectot (jadis Esketot) ; Hectot parfois (cf. Eastoft GB, jadis Esketoft) et Hecquemare à Illeville-sur-Montfort.
• lindi (norrois) « tilleuls » dans Lindebeuf et les Lintot
• pyriġ (vieil-anglais) « poirier » dans les Prétot
• selja (norrois) « saules » dans Seltot (Cf. Selletoft DK), Silleron, Sahurs…
• weliġ, wiliġ (vieil-anglais) « saule » dans Villequier
• Autres éléments
o *fiskigaðr « enclos à poisson ». composé de fiskr, poisson, que l'on retrouve peut-être dans Fiquefleur (Ficquefleu 1221) « cours d'eau poissonneux » [?] et gaðr, enclos, que l'on décèle dans Auppegard ou Épégard (cf. ci-dessus). É. Ridel a tracé la carte de ce toponyme le long des côtes normandes[8] . Le terme est attesté comme nom propre en 1030 à Dieppe dans une charte de Robert le Magnifique sous la forme latinisée fisigardum, il devait donc traduire le terme dialectal *fisigard d'après E. Ridel[9]. Un lieu Figart est mentionné à Fécamp en 1238 et de nos jours, la carte du littoral indique un rocher Figar à Lion-sur-Mer et un autre connu oralement Figard, jadis noté, mais de localisation imprécise à Agon-Coutainville. Le terme est parallèle à l'Islandais fiskigarður « structure de bois qui permet de faire sécher le poisson ». On trouve aussi le toponyme Fishgarth dans le Cumberland (GB).
Formes romanes au pluriel d'appellatifs issus d'un pluriel anglo-scandinave
• Boos de Both(a)s pluriel du norrois buth / both (qui a donné l'élément -beuf) ; dans les Boos (cf. Booths, Yorkshire).
• Ecalles de *Scalas pluriel du norrois skali ou du vieil anglais scala « habitation temporaire » (qui a donné l'élément -écal-) ; dans Foucart-(Escalles), Estouteville-Écalles, Écalles-Alix, Villers-Écalles, (cf. nombreux Scales au nord de l'Angleterre).
• Eslettes de Slett(a)s pluriel du norrois sletta « terrain plat » ; dans Eslettes (cf. DK Sletten, mais GB Sleights).
• Tôtes ou Tostes de *Topt(a)s pluriel de Topt (qui a donné l'élément Tot) ; dans Tôtes et Tostes (cf. GB Tofts).
• Veules de Well(a)s pluriel de wella « source, cours d'eau » (qui a donné l'élément el(le)- dans les Elbeuf, jadis Welleboth et Rouelles, Jadis Rodewella 1035, comparable aux Rothwell anglais) ; dans Veules-les-Roses (Wellas 1025, cf. GB Wells).
Formes romanes d'appellatifs issus du vieil anglais (ou anglo-saxon)
• bourg (village) de buhr, burg. En Normandie le mot « bourg » n'a pas l'origine germanique continentale ou latine qu'il a ailleurs en France. Il peut remonter soit à l'installation des saxons au Ve et VIe siècle ou à la colonisation anglo-scandinave au Xe siècle. Cabourg (Cadburgus 1077) cf. Cadborough, Cadbury GB) ; Jobourg et Jerbourg à Guernesey (composé anglo-scandinave, d'après eorðburg, norrois jorð terre), Caillebourg (nom de personne scandinave Karli), Wambourg (, ancien nom de Saint-Aubin-sur-Quillebeuf, etc.
• broc ou bruque de broc (ruisseau, moderne brook) : Bruquedalle (anciennement Brokedale 1185-89, cf. Brookdale GB) ; ruisseau le Fouillebroc (cf. Fulbrook, GB) (« fouille » de ful sale. cf. Foulbec (Fulbeck, GB), Fultot…)
• ham (maison, hameau) de hām. Existe ailleurs en France, mais ici d'origine anglo-scandinave. On le trouve dans des régions à forte densité de toponymes anglo-scandinaves. Le Ham ; Ouistreham ; Etreham ; Huppain ; Surrain ; Hemevez, puis le Hamel ; Hamel-…, etc.
• cotte (petite masure) de cot cf. cottage (peut aussi représenter le norrois kot) : Vaucotte (homonyme de la pointe Vaucotte à Omonville-la-Rogue, équivalent des Walcott anglais), Cottévrard, Caudecotte, Caudecôte, côte-côte (correspondant des Caldecott anglais), etc.
• croc(q) ou crotte (quand ce n'est pas le français crotte = grotte) de croft (pièce de terre) : Bec-de-Croc (anciennement Bethecrot); Vannecrocq (Wanescrotum XIe siècle ; cf. Walshcroft GB), Roucrotte, le Crocq, etc.
• -(h)us (maison) de hūs, peut représenter le norrois hus de même sens : Etainhus ; Sahurs (Salhus v. 1024 ; Cf. Salhouse, GB jadis Salhus et Salhus en Norvège.)
• lan(d) (terrain) de land : Heuland; Etelan; Etelan (à Catz); Etolan.
• e(s)ta(i)n (pierre), du vieil anglais stān (moderne stone) ou du norrois steinn (scandinave stein) : Fatouville-Grestain (Cf. Garston, GB, jadis Grestan); Etalondes (Stanelonde 1059, Stenelunda 1119); Etainhus (Esteinhues fin XIIe siècle); Etaintot (Saint-Wandrille-Rançon); Etangval (aux Pieux); Mont Etenclin (Estenclif 1262 ); la Roche Gélétan (à Saint-Germain-des-Vaux ); Esteinvei v. 1320 (à Fresville); peut-être aussi dans les Etennemare et Tennemare; etc.
Adjectifs norrois et vieil anglais en composition dans les toponymes
Ils sont plus rares que les appellatifs et les noms de personne.
• breidr « large, grand » dans Brestot (Breitot v. 1080, homonymie avec Bratoft, jadis Breitoft GB), Brétot, Bréhoulles, Bréhoulle, Brévy , Brévolle, Brébec et Brémare.
• burning « brun » ou « bringe » en dialecte dans Brennetuit
• djupr « profond » ou son équivalent vieil anglais deop dans Dieppe, Saint-Vaast-Dieppedalle, Dieppedalle (Canteleu) et Dipdal.
• engelsk « anglais », adjectif à la fois scandinave et roman, forme normande -esque équivalent de l'ancien féminin français des adjectifs de nationalité en -ois, français -esche, -èche dans les Anglesqueville (jadis Englesqueville) et Englesqueville de Normandie, situés dans la zone de colonisation anglo-scandinave.
• ful « sale » dans Fultot ; Foulbec et le Fouillebroc.
• great vieil anglais pour « grand » dans Grétain.
• hol « creux » dans les nombreux Houlbec et Houlgate (chemin creux), rue Catteholle (anc. à Caen)
• kaldr « froid » dans Caudebec et Caudecotte
• langr « long » dans Lanquetot (cf. Langtoft, GB) et Lanquetuit (nom de différents lieux-dits, conservé comme patronyme, ex : Longtuit (jadis Lanquetuit)), le Val Landal (jadis Lenguedale 1245, Cf. Langdal N et DK .)
• litill « petit » dans Lilletot (Cf. Lilletofte DK) et Lislebec
• raudh « rouge » dans le Robec, rivière de Rouen
• stur « grand » dans Etretat et Eturqueraye
.Tout près de Villers : Houlgatte (orthographe 18e siècle) est un "chemin creux".
En Normandie, la plupart des noms de personnes scandinaves, anglo-scandinaves ou anglo-saxons se trouvent associés à des appellatifs romans d'origine latine (type : -ville ; -mesnil- ; -val ; -mont ; etc.)
Nom de personne scandinaves, surnoms
(appellatif norrois / appellatif roman).
• Amundi : Émondeville (Amundivilla 1269), Mondeville
• Agi or Aggi : Acqueville (Manche, Agueville jusqu'au 15e), Acqueville (Calvados)..
• Api dans Aptuit, Aptot / Appeville
• Barni : Barneville-sur-Seine (Barnevilla v. 1078), Barneville-Carteret (Barnavilla 1023 - 1026), etc.
• Bondi : Notre-Dame-de-Bondeville (Bundivilla v. 1080) , Sainte-Hélène-Bondeville (Bondevilla 1198) cf. DK, Bonderup
• Bosi (confondu avec le nom francique Boso) : Beuzeville (Bosevilla 1078 - 1087), Beuzeville-la-Grenier (Boseville 1172 - 1178), etc. Beuzebosc, Beuzemouchel, Beuzeval ; surname : Beux
• Boli dans Bolbec / Bolleville et Boulleville
• *Ginni dans Gennetot, Gennetuit
• Brami : Brametot (Bramatot ar. 1025)
• Carli : Cailletot, Calletot, Caltot / Calleville-les-Deux-Églises (Carlevilla 1143), etc.
• Geri : Gerville
• Ginni : Gennetot, Gennetuit
• Hnakki : Urville-Nacqueville (Nakevilla 1148)
• Helgi dans Heuqueville (Heuguevilla 1198), Heugueville, Helleville (Helgevilla 1156 -1173; cf. Helletoft, GB
• Holti : Houtteville (Hultivilla 1070 - 1082, Holtavilla fin 11th c.)
• Kari : Cartot, Carbec-Grestain (Carebec 12th c.) / Carville, Carville-la-Folletière (Carevilla 13th C.), Carmesnil, etc.
• Karli dans plusieurs Caltot (Cf. Kaltoft, Schleswig-Holstein D), Caillebourg / Calleville , Cailleville
• Kati : Catelon (ecclesiam Catelunti 1096 - 1101), Cattehoule / Catteville
• Knapi : Canapville (kenapevilla 1180), Canappeville, etc. cf. GB, Knaptoft, Knapthorpe
• Kolli : Colletot / Colleville, Colmesnil, Colbosc et Colmare / dans plusieurs Colleville; Colbosc; Colmoulin; Colmesnil-Manneville; Boscol cf. GB, Colby, Koltoft, Schleswig-Holstein, D
• Korni : Cornemare / Corneville-la-Fouquetière, Corneville-sur-Risle
• Malti : Motteville (Maltevilla 1059), Mautheville-sur-Durdent
• Muli : Le Mulambec / Muneville-le-Bingard
• Otti : Octeville, Octeville-sur-Mer
• Rumfari : Saint-Romphaire (avec graphie ph hellénisante), en réalité Saint-Romachaire, nom de personne germanique ayant subi l'influence de l'anthroponyme norrois (lat. Romacharius, germ. Rumakar)
• Runi dans Runetot [Cf. Rundhof (Runætoft 1231, danois Runtoft) Schleswig-Holstein, D. ] / Runneval , Reigneville-Bocage (jadis Runeville 1421.)
• Saxi dans Sassetot-le-Mauconduit, Sassetot-le-Malgardé (Cf. Sakstoft, DK) , Saussetour (Sauxetorp fin XIIe siècle) et Sauxtour (Sauxetourp 1292) (Cf. Saustrup, Schleswig-Holstein D. jadis Saxtorppe et Saxtorf, jadis Saxtorpe 1538 idem) / Sasseville, Sauxemesnil
• Skeggi dans Ecuquetot / Équiqueville (Schechevilla 1142 - 1150) (cf. Skegby, Nottingham, GB)
• Skrauti : Écretteville-les-Baons (Scrotivilla 1006), Écretteville-sur-Mer (Escrutevilleta XIIIe siècle)
• Skuli dans Écultot / Éculleville (Escullevilla v. 1140)
• Soti uniquement avec appellatif roman 4 Sotteville, Sottevast (Cf. Satrup, D et DK, jadis Sotorp)
• Stali : Etalleville (Stalavilla 1185)
• Svarti : Surville (Souarville 1220, Soarvilla 1221)
• Svarthofdi dans Sortosville, Sortosville-en-Beaumont et Surtauville
• Tommi or Tummi : Tonneville (Tommevilla, Thommevilla 13th. c.), Saint-Georges-de-la-Rivière (Tummavilla 1080, Tommevilla 1286) ≠ Tonneville (Bourville, Taunacum villa 702 - 704, Tonnevilla vers 1210)
• Tofi : Le Mesnil-Tove
• Toki dans Tocqueboeuf / Tocqueville (Cf. Tokkerup, DK.)
• Thori dans tous les Tourville
• Vigi : Prétot-Vicquemare, Victot-Pontfol
Pour ne citer que les plus fréquents.
Autres anthroponymes norrois
• Asleikr dans Annebecq / tous les Anneville
• Blakkr dans Blactot (peut-être contenu dans le lieu Blacktoft GB) / Blacqueville (jadis Blacrevilla XIe siècle) et Chamblac (Campus Blaque 1234, devrait être écrit « Le Champ-Blaque » avec l'article selon l'usage local et -aque, car ce n'est pas le suffixe -ac. Cf. -acum, inexistant sous cette forme en Normandie)
• Bretakollr : Brectouville (Britecolvilla 1159)
• Fastulfr : Fatouville-Grestain (Fastovilla 1140), Fatouville, etc.
• Fotr dans les Fauville (jadis Fodvilla, Foville)
• Grimr (souvent sous la forme Grinius en latin médiéval) dans les nombreux Grainville, Grimbosq et Mesnil-Grain, Grainval. Islandais moderne Grimur.
• Hals : Hauville (Halsvilla 1014)
• Hugleikr dans Heugleville-sur-Scie et Hugleville-en-Caux. Islandais moderne Hugleikur. Ce nom est illustré par le Hygelac anglais du Beowulf. Chrétien de Troyes le latinise en Chlocilaicus.
• klakkr dans Clasville, Mesnil-Claque (cf. Clacton GB et Harald Klak)
• krokr dans Cropus, Crosville-sur-Scie (Crocvilla v. 1020), Crosville-sur-Douve, etc.
• Ospakr : Le Mesnil-Opac
• Skammhals : Équemauville (Scamelli Villae 1048)
• Sigbrandr dans Cibrantot
• Sigfriðr dans Chiffretot / Chiffrevast, Cheffreville-Tonnencourt (Seiefredi villa XIIe siècle)
• Smiðr : Émiéville (Esmitvilla 1129), Émainville (Smit villa ar. 1024)
• *Snægeir : Négreville (Esnegervilla 1185 - 1189), ad Pratum Esnerguier 1242 à Anglesqueville-Lestre.
• Sprot dans Epretot / plusieurs Epreville (cf. Sproatley et Sprotborough, GB)
• Starr : Éterville (Starvilla XIIe siècle
• Valr dans Vaucottes, Valletot, Vautuit (Wautuit XIIIe siècle) / Vauville (Walvilla 1054)
D'autres noms de personnes se trouvent presque exclusivement associés à des appellatifs romans.
Anciens prénoms ayant donnés des noms de famille normands]
• Asketill : (noms de famille : Anquetil ; Anctil ; Anquetille ; Anquety ; Amptil ; etc.) dans Ancretteville-sur-Mer ; Anquetierville ; Ancourteville-sur-Héricourt ; Anctoville ; Ancteville… pour un seul Anquetot.
• Asfrid (noms de famille Anfry, Lanfry, Anfray…) dans les Amfreville
• Asgautr : (nom de famille Angot) dans les Angoville
• Asulfr: (noms de famille Auzou, Auzout (Seine-Maritime), Osouf (Cotentin)) dans les Auzouville
• Gunnulfr : (noms de famille Gounouf et Gounout) dans les Gonneville, Guenouville et Gonnetot
• Gunnfriðr : (noms de famille Gonfray, Gonfrey et Gonfroy) dans les Gonfreville et Mesnil-Gonfroi
• Ingulfr : (noms de famille Ingouf, Ygouf (Cotentin) et Ingout, Ygout (Seine-Maritime, etc.)) dans Ingouville et Digosville jadis Dingouville pour "d'Ingouville".
• Osbern anglo-scand. pour Asbjòrn : (nom de famille Auber sans < t >, avec < t > = forme populaire d'Albert) dans tous les Auberville ; Auberbosc ; Aubermesnil sauf Auberville-sur-Eaulne et Auberville-sur-Yères qui ont pour formes anciennes Albertivilla.
• Osmund variante du scandinave Asmundr (noms de famille Osmont ; Omont ; Osmond…) dans tous les Omonville et Osmonville
• Njáll nom norrois (cf. la saga de Njáll le Brûlé) issu du gaëlique Nial (nom de famille Néel, dont le foyer normand a cette origine) dans Néville-sur-Mer, Néville et Néhou.
• Thorgisl « otage de thor » cf. norvégien Thorgisal (nom de famille Turgis , Tourgis) dans Tourgéville et Turgisville (ancien nom de Saint-Jean-de-la-Rivière).
• Thorlakr : (nom de famille disparu Tourlaque cf. la Rue Tourlaque à Paris) dans Tourlaville (Torlachvilla 1063 - 1066), Toulaville (Torlavilla 1198), Tous-les-Mesnil (Toulamesnil 1328).
• Thorsteinn très peu répandu en toponymie alors qu'il est le nom de famille normand d'origine scandinave le plus fréquent (Toutain, Tostain, Toustain), sans doute parce qu'il existe un Saint-Toutain dans la Sarthe et qu'il a été donné comme nom de baptême ! dans Toutainville et dans un étrange lieu-dit près de Bacqueville : la pierre Toutain, Toutain signifiant précisemment « la pierre de Thor ».
• Torold anglo-scandinave pour Thorvald (noms de famille Throude, Troude, Théroude, Thouroude, Touroude…) dans Turretot / les Trouville, Bourgtheroulde et Thérouldeville
• Ulfr : (Nom de famille Ouf) dans Ouville ; par contre Oudalle contient plutot ulfr au sens littéral de « loup » cf. Croixdalle (jadis Craudalle) formé avec crāwe (corneille, mod. crow).
Il en existe quelques autres encore…
Les noms de personne typiquement anglo-scandinaves ou anglo-saxons attestés dans la toponymie normande]
composés avec l'élément stān (pierre)
• Æthelstan, forme réduite Alestan dans Lestanville (Calvados) anciennement Alestanvilla 1195. cf. L'Etantot (Seine-Maritime), anciennement Alestantot.
• Dunstan dans Dénestanville (Dunestanvilla 1142)
• Leodstan ou Leofstan , forme réduite Lestan dans Lestanville (Seine-Maritime) et Létantot.
• Winstan anglais mod. Winston dans Vénestanville (Wenestanvillam XIIe siècle).
composés avec l'élément man (homme) ou le scandinave maðr de même sens
• *Kirkeman dans Criquemanville.
• *Sidiman dans Septimanville. Cf. Sidman (anciennement Syd-man, Manche).
• *Helgiman dans Hecmanville (Heuguemanville 1331).
• Floteman "viking" dans 2 Flottemanville (jadis Flotemanville, Cf. Flotmanby GB).
autres composés :
• *Culvert, variante du nom de personne norrois kilvert dans les nombreux Cuverville (Culvertvilla XIIe siècle, Culverti villam 1034, etc.)
• Wivar dans Viertot / Virville (Wivarevilla v. 1210) et Vierville (Manche, Calvados, Wiarevilla 1158) (cf. Weaverthorpe, jadis Wiveretorp v. 1110, GB et Wiverton, jadis Wivreton fin XIe siècle), variante du nom de personne norrois Vidhfari.
noms en -a
• Boia dans Bébec (Jadis Buibec) / Buglise ; les Biville ; Biéville...(cf. Boythorpe ; Boycott GB)
• Hwita dans Vitot / Iville ; Yville-sur-Seine…
• *Hwatta dans Vattetot-sur-Mer ; Vattetot-sous-Beaumont ;
Vattecrist / Vatteville…
• Smala dans Saint-Sauveur-d'Émalleville et Émalleville
différents composés :
• Hardekin dans Harcanville
• Kenewald dans Canouville (Jadis Kenualdi villa 1025-26)
• Saewald / Siwold dans Saumont-la-Poterie (Seiwaltmont 1043), Siouville (Seolvilla v. 1200) et Sciotot
• *Blacward dans Saint-Mards-de-Blacarville (Blacuardi villa XIe siècle)
• Baeling dans Notre-Dame-de-Bliquetuit (jadis Belinguetuith) et peut-être Belintot… (Cf. Badlingham, jadis Belincgesham GB)
Noms de baptême associés à des appellatifs scandinaves
Il en existe quelques-uns, mais ils sont beaucoup plus rares que les formules "nom d'homme norrois + appellatif roman". Peut-être résultent-ils du baptême d'hommes scandinaves ayant pris un autre patronyme comme Hrolfr (Rouf, Rou, Rollon), comte de Rouen, baptisé sous le nom de Robert.
• Martin dans Martintot
• Herbert dans Saint-André-d'Hébertot et Thuit-Hébert. Cf. nom de famille Hébert resté commun en Normandie.
• Robert dans Robertot
• Miquel (Michel) dans Miquetot
Certes, cette liste n'est pas exhaustive, mais elle donne un aperçu de l'importance de la colonisation anglo-scandinave en Normandie à partir du Xe siècle. De plus, la répartition de ces toponymes ne donne aucune idée du nombre de colons par rapport à la population autochtone. Toujours est-il que les régions du sud du pays ont toujours été peu peuplées, comparées à celles du nord ou se trouve la majorité de ces toponymes.
Anquetil vient de Ásketill
Aumond, Esmond Ásmundr
Anzouf, Osoof Ásulfr
Hastain Hásteinn
Havard Hávardr
Quétil, Quetel,Quetior Ketill
Thouroude, Troude Torvaldr
Torchetil, Turquetil Torketill
Tostain, Toutain, Toustain Torsteinn
Tougard Torgardr
Turgis, Tourgis Torgils
Turgot Torgautr
Turmod Tormódr
Turquier, Turquet Torkell
Turron Torúlfr
Ces noms sont plus fréquents dans des régions les plus densément peuplés par les Vikings.
C’est à dire dans le pays de Caux, le Vexin, le Lieuvin, la plaine de Caen et le Cotentin.15 30% des noms de familles commencent avec « le », par exemple Legros et Lepetit et ils sont les plus souvent dans le nord du Cotentin. Le chiffre est plus haut que dans le reste de la France et il est dû, probablement, à l’influence des sobriquets scandinaves.

Porté en Angleterre par Guillaume le Conquérant, le franco-normand y devint la langue dominante, la langue officielle et aristocratique; mais il ne put étouffer l'anglo-saxon, qui avait une constitution régulière et de nombreux monuments littéraires. Il prit le nom d'anglo-normand, qui fut aussi appliqué à la langue parlée au XIIe siècle dans la Normandie même, et l'on qualifie ordinairement d'anglo-normands les Trouvères qui ont rimé des deux côtés de la Manche jusqu'à la conquête de la Normandie par Philippe-Auguste, un 1204. A partir de cette époque, l'anglo-normand est encore la langue des poètes en Angleterre, mais déjà dans leurs chants ils se plaignent de le voir dépérir; l'anglo-saxon perd aussi du terrain, son système de déclinaisons et de conjugaisons s'écroule peu à peu avec sa syntaxe, et les radicaux saxons prennent souvent la place des mots d'importation romane, tandis que les désinences romanes revêtent les mots saxons. Dans ce travail de fusion qui s'opère aux XIIIe et XIVe siècles, l'idiome normand triomphe du côté des constructions et de la grammaire, et, à ce point de vue, c'est lui qui régit encore l'Angleterre; sa prononciation même survit en beaucoup de points. C'est du saxon qu'est sortie lentement la langue anglaise. Toutefois l'anglo-normand ne disparut pas sans laisser de nombreux vestiges, encore faciles à reconnaître aujourd'hui dans le matériel de la langue, dans les devises des nobles familles, dans celle qui entoure les armes royales (Dieu et mon droyt), dans la devise de l'ordre de la Jarretière (Hony. soyt. qi. Mal y. pense), et surtout dans la langue ,judiciaire et dans les livres de jurisprudence. Quand la reine d'Angleterre accorde sa sanction aux bills des deux Chambres du Parlement, la formule qui retentit en son nom est en dialecte anglo-normand : La reyne mercye ses loyaulx subjects de leur benevolence, et ainsi le veult; et quand elle refuse, la déclaration est celle-ci : La reyne advisera.
Tandis que le franco-normand se transformait en Angleterre, sur le continent il était cultivé en même temps que la langue latine, et, jusqu'à la fin du Moyen âge, il conserva la prééminence littéraire. Il fit tant de progrès et se modifia tellement depuis son origine, que la population qui s'en servait ne put reconnaître au XVe siècle, dans les Anglais qui envahirent la Normandie, les héritiers des compagnons de Guillaume. L'occupation anglaise dura assez longtemps pour affecter le langage : l'innovation la plus importante fut l'importation de l'y, que l'anglo-normand avait emprunté à l'anglo-saxon. Cette lettre, qu'on ne remarquait guère au XIIIe siècle que dans les mots grecs où l'étymologie demandait sa présence, semble avoir pris au XVe siècle presque entièrement la place de l'i; on eut alors : le roy, la royne, je suys mylieu, la nuyct, parmy, Henry, Loys, etc. C'est à l'influence de l'alphabet anglais qu'il faut attribuer l'usage d'employer l'y en Normandie dans les noms de villes et de paroisses rurales, tels que Bernay, Bayeux, Isigny Pavilly, Andely, etc.
NB : Villers sur mer n’est pas un toponyme d’origine viking, mais est issu de la présence plus ancienne des Romains. Il proviendrait de Villare, forme apparue au bas-empire, vers le 6e siècle. On trouve des Villare et des Villers dans diverses régions françaises. Il y avait une voie romaine à proximité, sans doute un camp romain, puis une grande Villa, ou exploitation agricole. On a retrouvé des fragments de poteries et briques vers les tennis. La résidence de la Vé Maine (Voie romaine) en témoigne. Il y aurait des vestiges de constructions romaines sous la mer actuelle, compte tenu de l’érosion qui a grignoté progressivement les falaises et les anciens rivages.

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